Ce que j’aime :

Je sculpte comme on respire après l’apnée.
Comme on crache un cauchemar pour en faire une relique.

Ce que je crée n’est ni joli, ni propre, ni lisse.
Ce sont des formes qui rampent, qui se tordent, qui pulsent.
Des excroissances, des nœuds, des orifices, des souvenirs de bêtes ou de dieux,
des fragments de moi-même qui refusent de mourir.

Mon art est organique parce qu’il vit.
Il bat, il suinte, il s’effrite. Il résiste au silence et au bon goût.
Je modèle ce que les autres cachent. Je donne une peau aux sensations sans nom.
Je rends visible ce que je ressens avec les tripes.

Je ne cherche pas à plaire.
Je cherche à émerger.
À exorciser.
À offrir mes monstres en offrande.

Chaque sculpture est un cri figé, un souvenir mutant.
Un rêve moite attrapé entre deux insomnies, ou une pulsion qu’il fallait sortir,
sous peine d’éclater.

Je sculpte pour ne pas exploser.
Je sculpte pour me souvenir que je suis vivante.
Et que la beauté se trouve souvent dans la fêlure,
dans la matière qui cède, dans la trace d’un doigt qui hésite.

Alors oui, j’aime faire des sculptures organiques.
Parce que c’est là, au creux du vivant, du charnel, du morbide parfois,
que je me sens vraie.

Et si ça dérange… tant mieux.
Car l’organique, c’est l’instinct. Et l’instinct ne ment jamais.

Lcpn